À la poursuite d'un but, sans en accepter le chemin

Dans cette édition de Liberté 365:

• Sur une barque en pleine tempête

• Pourquoi nous ne sommes pas prêts

• Où se trouve le vrai voyage?

Sur une barque en pleine tempête

La tempête fait rage. À bord de notre barque, nous nous faisons malmener par l’océan pacifique. La fatigue n’aidant rien, les derniers jours ont été éprouvant. Un voyage de la Suisse à Bogotà, puis deux avions à hélices et un bateau pour terminer sur cette plage où nous avons embarqué ce matin.

En plus des vagues qui nous brassent de hauts en bas, le ciel se déverse sur nous. Nous sommes trempés et la pluie, propulsée par le vent, nous balaye le visage. Décidément, une situation désespérante. Et pourtant on en rit, on accepte.

Pendant 2 heures, notre embarcation navigue entre les houles. Anaëlle et moi perdons espoir de trouver ce que nous sommes venus chercher. « Ce sera pour une autre fois ».

Soudain, Francisco, qui nous a emmené sur ce bateau, pointe à son ami à la barre, une position à 40° degrés Nord ouest. Le moteur tourne à plein régime. Chaque crête élève notre barque dans le ciel, avant de s’écraser à nouveau dans le creux de la houle. L’horizon est à peine visible avec cette brume qui nous entoure.

Et là, aussi réelle qu’éphémère, la nature nous offre son chef-d’œuvre. Une maman baleine à bosse et son bébé jaillissent de l’eau et nous montrent leurs plus beaux sauts. S’en suit un bal inoubliable rythmé par les jets et les sauts des Balleñas.

Pourquoi nous ne sommes pas prêts

Nous voulons tous voir des baleines sauter. Mais personne veut; attendre 6 heures dans un aéroport par terre, être dans un avion à hélices qui se fait balayer par les turbulences au milieu de la jungle, naviguer sur un océan en pleine tempête.

Voici le problème le plus courant de notre ère.

– Nous voulons être riche, sans travailler.

– Obtenir et voir tout, tout de suite.

– Contrôler, sans lâcher prise.

Je prône la liberté. La liberté de vivre des émotions et des expériences. La liberté de décider de ses choix et de ses réactions. La liberté est un pouvoir, un pouvoir qui se doit d’être entouré de bienveillance. Mais la liberté est aussi une balance, l’équilibre de la vie.

Prenons un exemple qui nous parle à tous: j’aspire à obtenir cet idéal “corps de rêve”. Suis-je cependant prêt à aller 5 fois à la gym par semaine, à me restreindre sur les repas, à subir la douleur en augmentant les charges pendant ma séance de musculation ?

Sacrifice.

Nos choix impliquent forcément des sacrifices. J’ai tenu pendant 2 ans mes séances quotidiennes à la salle de sport. Puis un jour, j’ai décidé de changer de vie à 180° degrés. Partir voyager et monter mon propre business. Un changement de vie du tout au tout en 3 mois. Pour cela, il a fallu définir mes priorités et faire, inévitablement, des sacrifices.

– J’ai perdu le contrôle, et appris à lâcher prise

– J’ai accepter l’incertitude

– J’ai abandonné mon confort, et mon style de vie

Les gens me diront « tu es chanceux de voyager », mais tout est question de perspective.

De mon expérience de voyage: toute personne née dans un pays en paix, avec une famille, la santé, à manger et de l’amour, est une personne chanceuse.

Maintenant, j’entends quotidiennement le mot chance qui est utilisé pour dire « tu fais quelque chose que j’aimerais ». Là, c’est une question de sacrifice et de priorité.

Comparant mes deux situations de vie à 3 mois d’intervalle :

– J’étais responsable des ventes dans une startup en hypercroissance en Suisse, impliquant tout le confort qui va avec.

– Je voyage à présent avec ma copine à travers le monde. Mes affaires tiennent dans un sac à dos de 50L. Mon confort est celui du pays dans lequel je me trouve.

Pour en arriver là il a donc bien fallu définir mes priorités (qui sont subjectives à tous), mes sacrifices acceptables à ce moment de ma vie (un équilibre inévitable) et de m’ouvrir à de futures perspectives.

Où se trouve le vrai voyage?

En somme, le lâcher prise et l’acceptation sont deux clés inévitables dans nos vies pour atteindre nos rêves ou ce à quoi l’on aspire. Evidemment que l’on passe pour cela, par la case des sacrifices, et ces sacrifices sont donc choisi en connaissance de cause et acceptés.

Je reviens alors à mes baleines dont je désespérais à apercevoir sous les torrents de pluies. Au début j’étais frustré, peut-être même agacé de payer et de ne pas obtenir immédiatement ce “check” sur la bucketlist. Puis, avec ma copine on s’est mis simplement à rire aux éclats, parce que c’était ça l’enjeux, c’était ça le sacrifice et c’était ça, et non les baleines, le vrai voyage.

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